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Lambert, "Que j'ay peine à quitter", concert du 09.02.13 au Château du Buisson de May

Ce spectacle met en regard des textes des Mémoires de la Grande Mademoiselle écrits notamment au château d'Eu et des airs du recueil de 1689 de Michel Lambert. Ce recueil a la particularité de présenter les pièces dans des versions polyphoniques parfois très complètes. Le spectacle ne comprend quasiment que la musique de ce recueil.

 

Voir notamment sur Michel Lambert:

- Lambert, Michel, Airs a une, II. III. et IV. parties avec la basse continue, composez par monsieur Lambert, Maistre de la musique de la Chambre du Roy, Paris, Ballard, 1689.

- Massip Catherine, L’art de bien chanter : Michel Lambert (1610-1696), Paris, S.F.M., 1999, 414 p.

- Durosoir Georgie, L’air de cour en France (1571-1655), Liège, Mardaga, 1991, 462 p.

- Mahé Yann, « Michel Lambert et son recueil de 1689 : un musicien mondain à l’ère de l’opéra », Littératures Classiques, 67, p. 159-174.

 

Voir notamment sur Mlle de Montpensier:

- Orléans Anne-Marie-Louise (dite la Grande Mademoiselle), Mémoires Collationnés sur le manuscrit autographe. Avec notes biographiques et historiques par Adolphe Chéruel, 1858.

 

 

 

 

Quand Michel Lambert croise le chemin de la Grande Mademoiselle

 

Ce spectacle est né d'une découverte simple et curieuse: Michel Lambert (1610 † 1696), le beau-père de Lully (1632 † 1687), venait régulièrement en Normandie sur l'invitation du comte Léonor de Lisieux-Matignon (1604 † 1680). Cette information, livrée dans les historiettes de Tallement des Réaux, était de notoriété publique, puisqu'elle est mentionnée dans un ouvrage qui n'est pas particulièrement consacré à Michel Lambert. L'évêque de Lisieux tenait régulièrement salon pendant l'été et rassemblait pour l'occasion des artistes précieux.

 

« Lambert voulut penser à quelque charge de la musique: il se trouva si gueux qu’il en eut honte; cela lui servit à une chose. M. de Lisieux-Matignon aimoit fort à les entendre lui et Hilaire. Ils chantent des dialogues ensemble les plus agréables du monde. Il leur envoyoit tous les ans un carrosse pour aller le trouver à la campagne, et ne les renvoyoit point sans quelque présent. »[1]

 

 

Loin des opéras de Lully, son gendre, Lambert fait imprimer des airs de style précieux comme pouvaient l'être ceux de Guédron ou Boesset. Ce second recueil est ainsi une probable publication de synthèse de son oeuvre. On sait par ailleurs, que Michel Lambert entretenait des relations suivies avec la maison d'Orléans, et notamment Monsieur et la Grande Mademoiselle qui l'avaient pensionné. Or, en 1677, après 17 ans d'arrêt, la Grande Mademoiselle , recluse dans son château normand d'Eu, reprend la rédaction de ses Mémoires. Elle y relate notamment ses amoures avec monsieur de Lauzun. Ces récits nous livrent les états d'âme d'une grande aristocrate du XVIIe siècle, prise dans un tourbillon amoureux à la cour du Grand Siècle.

 

Dès lors, la mise en relation en Normandie des airs de Michel Lambert dont le thème récurrent est évidemment l'amour précieux avec le récit de la Grande Mademoiselle tombait sous le sens. Si cette dernière ne s'est jamais rendue physiquement à Lisieux, elle aura pu laisser à Lambert quelques extraits de ses Mémoires, à dévoiler au cercle restreint d'initiés du salon du comte et évêque de Lisieux, Léonor I de Lisieux-Matignon. Partant de cette fiction réaliste, le spectacle mêle la petite et la grande histoire dans une rencontre normande. Et si, comme l'écrivait Alfred de Vigny, « l'histoire est un roman dont le peuple est l'auteur », alors l’histoire s’écrit à la conjonction entre fiction et réalité. Notre histoire s’inscrit dans ce champ des possibles. De cette Normandie sise entre Eu et Lisieux, chacun peut apprécier, à la lumière d'une soirée au salon de l'évêché, entre la fiction des airs de cour de Lambert et la véracité des récits de la Grande Mademoiselle, ce que pouvait être la préciosité.

 

 

 

[1] Tallemant des Réaux (Gédéon), Les historiettes […] sur le  manuscrit inédit et autographe […] par messieurs Monmerqué […], Paris, 1834, t.4, p. 437

 

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