De L'académie de Poésie et de Musique de Baïf au Puy de Musique d'Evreux 

 

1553 Pour célébrer le succès du duc de guise le 9 février à Metz, et le mariage de Diane D’Angoulême, Etienne Jodelle ravit la cour avec sa Cléopâtre captive, la première tragédie française à l’Antique. Pour fêter le succès de leur ami, Antoine de Baïf, Ronsard et les jeunes poètes de la brigade se retrouvent à Arcueil pour participer à une cérémonie à l’Antique, la 'Pompe du Bouc'. Le sacrifice bachique d’un bouc peint en or effraie les riverains. Présidant cette orgie dionysiaque, Baïf déclame ses dithyrambes, sortes de louanges. Avant la fin de l’année, les artisans de cette cérémonie sont contraints à la fuite.

 

1570 Nouvelle résurgence de l’Antique, mais cette fois-ci à la cour. Antoine de Baïf crée l’Académie de Poésie et de Musique sous le patronage de Charles IX. Nos poètes ont vieilli. La représentation de l’Antique se drape alors de vertu, et l’on trouve dans le sillage de cette entreprise des musiciens comme Joachim Thibault de Courville ou Guillaume Costeley.

 

1575 Après avoir créé en 1570 la confrérie de la Sainte Cécile, Guillaume Costeley, musicien de Charles IX natif de Pont-Audemer et ébroïcien, crée le Puy de Musique d’Evreux. Ce concours au rayonnement national qui survit jusqu’à la fin du XVIIe siècle se veut un point de ralliement des musiciens. Structuré en quatre catégories : le motet à cinq voix en deux parties, la chanson à cinq voix, l’air ou la chanson légère à quatre voix, la chanson spirituelle sur un sonnet chrétien, en deux parties, le Puy décernait des prix sous forme de sculptures en métal précieux accrochées à des chainettes. La musique à l’Antique pouvait y revivre à travers la chanson.

 

1589 Le Puy de Musique entre en sommeil en raison des troubles de la ligue catholique qui s’oppose aux protestants. Alors qu’elle a réussi à chasser Henri III de la capitale, son successeur Henri IV tente de reprendre le contrôle du royaume.

 

1591 Suite au siège d’Evreux, monseigneur de Sainctes, évêque d’Evreux, est arrêté le 6 juin à Louviers puis jugé à Caen sur le commandement d’Henri IV. Auteur d’écrits régicides, il est condamné à mort. Grâce à l’intervention du cardinal de Bourbon, sa peine est commuée en prison à perpétuité, mais il mourra quelques jours après.

 

C’est à la lumière de ces événements que naît la fiction de cette soirée, fiction dont les racines s’ancrent dans l’histoire et la musique du Puy de ce XVIe siècle normand. Croisant les sources et les récits, Jehanne Blacquetot, la femme de Guillaume Costeley, dresse le tableau d’une vie, celle de son mari Guillaume à Françoise Dehais, veuve de Jehan Le Mareschal. Il ne lui reste plus qu’une année à vivre et, sans le savoir, elle relate à la future épouse de Guillaume ce qui le rend si précieux à ses yeux….