Lorsqu’Henri IV passe les portes de Caen pour un séjour qui l’y retient du 11 au 18 septembre 1603, c’est depuis 1594 en roi catholique ayant abjuré la foi huguenote. Et, malgré l’édit de Nantes promulgué en 1598 qui reconnaît à l’église réformée le droit de culte et l’autorise à conserver ses temples, la France est encore à feu et à sang, exsangue et ruinée par une guerre de religion qui n’en finit plus. Néanmoins, la ville de Caen reçoit dignement Henri en 1603 au son de la musique de Chastillon, compositeur né en cette ville vers 1550. Il y meurt le 24 mai 1610 et est inhumé deux jours après, probablement déjà veuf ; la mention du décès sur l’état civil protestant montre clairement qu’il avait embrassé la religion réformée.

 

« POUR LA VENUE DU ROI A CAEN.

Caen, cesse tes regrés. ton soleil favorable,

Ton Prince, ton grand Roi le plus grand de nos Rois,

Est venu dissiper tes umbres cete fois,

Comme un calme Printans l’Iver plus domageable. […]

Helas ce n’est pas peu de voir l’œil d’un tel Roi

Car ainsi que les chams s’obscurcissent d’effroi

Au depart du soleil, ainsi les plus grans villes

Où la vive clarté d’un Prince ne luit point,

Perdent leurs libertés, & deviennent serviles,

D’où viét que les Etas se troublet dé tout point. »

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Robert Angot de L’Esperonière, Prelude Poetique, Paris, Robinot, 1603, p. 93-94

 

 

Musiciens: Superius: R. Quier; T. Werth; L. de Saint-Blanquat; S. Carle-Lourette - Altos: P. Ferlin; F. Fillocque—Ténors: O. Boissière; L. Mallet  - Basse : O. Renault ; Y. Mahé—Ch. Marion (Lectrice) - Ch. Allais, D. Dandois, S. Chatelain, Ph. Benard, Ch. Gambini (luths)