Est-il sujet plus passionné que celui de la musique quand il touche à la comparaison de la France & de l’Italie ? Au tournant d’un Siècle qu’on nomme Grand, les esprits s’échauffent, les langues se délient, les plumes s’enflamment… Voilà l’Abbé Raguenet lancé dans son Parallèle des Italiens et des François en ce qui regarde la musique & les opéra en 1702. En 1704, à peine deux années plus tard, un anonyme connu sous le nom de Jean-Laurent Lecerf de la Viéville lui répond dans une Comparaison de la Musique Italienne et de la Musique Françoise. Un an plus tard, nous sommes en 1705, notre Abbé Raguenet lui réplique dans une Défense du parallele des italiens et des français. En ce qui regarde la Musique et les Opéra. La même année, Lecerf de la Viéville, l’anonyme, lui rétorque dans une nouvelle édition augmentée d’une seconde partie de la Comparaison à laquelle il ajoute une troisième en 1706 avant de donner L’Art de décrier ce qu’on n’entend point ou le médecin musicien. Exposition de la mauvaise foi de l’extrait du Journal des Savants. C’est dans ce climat de passions enflammées que naît la critique musicale moderne et que décède brutalement notre auteur, laissant à la postérité un flot d’informations sur quelques années de ce XVIIIe siècle commençant, où, chacun l’aura compris, la France tente de résister depuis la province rouennaise à l’invasion ultramontaine.

Mais, prenons du recul, observons cette querelle depuis le compte-rendu synthétique et néanmoins partial du Journal des Savants de 1706 avant de remonter le temps pour laisser les dialogues de la Comparaison pourfendre l’ennemi italien…