top of page

Lully, "Nous goûtons une paix profonde", Psyché, concert du 09.02.13 au Château du Buisson de May

Ce spectacle se fonde sur le texte de Molière imprimé dans le livret de Psyché, tragi-comédie et ballet pour les représentations de juillet 1671 au Palais Royal. La musique de Lully rassemble des extraits de Psyché parmi ceux de plusieurs opéras du compositeur.

La Marquise Héloïse de Sourdéac est un personnage fictif. Le marquis de Sourdéac est en revanche bien réel et a commandé la Toison d'Or à Corneille représentée au château du Neubourg (27110) en 1660. Grand machiniste du XVIIe siècle, il s'associa à Perrin pour donner vie à une première ébauche de l'opéra français, ébauche dans laquelle il laissa sa fortune.

 

 

Voir notamment sur le le marquis de Sourdéac:

 

- Jardillier Armand, La vie originale de Monsieur de Sourdéac, Le Neubourg, Dumont, 1961, 78 p.

- Nuitter Charles, Thoinan Er., Les origines de l’opéra français, Paris, Plon, 1886, 339 p.

 

 

Voir sur Psyché (LWV45) de Lully:

PARTITIONS

- Lully Jean-Baptiste, Psyché, Tragédie et Ballet dansé devant sa Majesté au mois de Janvier 1670. Recueilly par Philidor en 1690 [LWV 45], ms. [F-Pn (mus) : Rés. Vma ms. 1206], 212 p.

- Lully Jean-Baptiste, Psiché [LWV 45 intégralité sauf : LWV 45/9,26,37-38], ms. [US-Har : HTC-LC M.1520.L9 P7 1675F], ap. 1675, p. 1-63

 

LIVRET & EDITION

- Quinault Philippe, Poquelin Jean-Baptiste, Psiché tragi-comédie et ballet dansé devant sa Majesté au mois de Ianvier 1671, Paris, Robert Ballard, 1671, 43 p.

- Poquelin Jean-Baptiste, Corneille Pierre, Quinault Philippe, Psiché, tragedie-ballet. Par I.B.P. Molière, et se vend pour l’Autheur, Paris, Pierre Le Monnier, 1671, 90 p.

 

 

 

 

 

Et si Psyché de Lully se donnait au Château du Neubourg

 

 

 

 

1692—De retour au Château du Neubourg, le marquis de Sourdéac ne peut se résoudre à oublier les fastueux spectacles de cour de Molière et Lully. Ruiné, il adapte à ses moyens les spectacles qui faisaient la splendeur du Siècle. C’est ainsi que 7 musiciens tentent de redonner vie aux fastes parisiens.  

 

 

 

Du Château du Neubourg

Le 21 mai 1692

 

 

 

 

Ma très chère comtesse et amie

 

Voilà bientôt un mois que mon oncle, Alexandre de Rieux, le marquis de Sourdéac, est rentré de son hôtel parisien où il vivoit depuis dix ans. Il n’est pas de plus grand machiniste que cest homme. Toute la famille l’admire et goûte ses récits de spectacles avec une deslectation que vous ne pouvez imaginer. Il a rencontré le Florentin avec lequel il a eu, semble-t-il, quelques déconvenues. A son retour, il n’a pourtant pas cessé de nous parler de ces paftorales en musique qu’il a montées avec Champeron et Pierre Perrin, l’ancien détenteur du privilege de l’Académie de musique. Lully les a paraist-il spoliés de leur titre en faisant miroiter au Roy je ne sais quelle fadaise. Mais mon oncle n’est pas homme à se laisser faire. Il a continué à travailler avec des troupes parisiennes à ses frais et a mesme attenté un procès à Lully. Enfin, la justice de ce Siècle n’est plus ce qu’elle étoit du temps de Mazarin. En dépit de la vente de son hôtel parisien, il est revenu dans une certaine nécessité qui l’empesche de remonter ces grands divertissements qu’il affectionne tant. Votre mere vous a peut-estre parlé de la Toison d’or qu’il avoit commandée au grand Corneille ! Quel spectacle ! Figurez-vous qu’en cette année 1645, Sa Majesté avoit fait le déplacement jusqu’au Neubourg. La Cour au Neubourg ! Ah, le temps a passé. Toujours est-il, qu’il se propose de monter avec quelques amis de la région une relation sur le spectacle de Psiché que Lully a donné par deux fois à l’Académie, comme pièce à intermèdes en 1671, puis comme un opéra en 1678. Il veut nous préparer quelque chose à la manière du grand Molière. Vous souvenez-vous de ce qu’on racontoit sur son Ballet des ballets ? Il prevoist adapter tout cela à nos voix. Mon oncle veut réutiliser les textes de Molière et coudre le tout avec des airs de Lully. A défaut d’avoir les moyens de remettre ses machines sur le théâtre, il souhaite nous initier aux plaisirs de la Cour par la musique. Il paraît que c’est moins couteux. Dans notre campagne, ma très chère cousine, se divertir est une veritable gageure. Je n’ose imaginer la vie dans votre château de Goupillère. Quand je vois celle que je mène au Neubourg ! Tout y est grossier. Il n’est pas un de nos paysans qui parle correctement notre belle langue françoise. Et je n’ose vous décrire leur goût. Heureusement que je peux encore trouver quelque plaisir aux fêtes données au château du Champ de Bataille. Le grand Le Nôtre y a même dessiné des jardins. J’ai hâte de les voir. Je retourne au collège d’Evreux pour une dernière année d’étude. Mais, avez-vous lu le dernier volume du Mercure Galant ? Il n’est rien de plus édifiant pour de jeunes âmes comme nous, qui veulent se tenir au courant de la vie à la Cour. Cette année, Charpentier doit donner une Médée sur des textes de Thomas Corneille. Comme j’aimerois en voir le spectacle !

Donnez-moi de vos nouvelles. La vie sans votre conversation est si fade ! Je ne vous ai pas revue depuis la chandeleur et mon oncle est si pressé de vous entendre.

 

Votre amie dévouée

Héloïse de Sourdéac, marquise du Neubourg.

 

bottom of page